Transhumance – Le silence de l’agneau

Transhumance – Le silence de l’agneau
Entre mi-novembre et mi-mars, pied du Jura. Un cortège de bêtes dans le silence d’hiver en quête d’herbe. Marche, broute, se repose, broute et marche, rythme lent, immuablement. Odeurs de bois, de terre et de bêtes. Odyssée ancestrale. Ode au libre au naturel, relents d’évangile pastoral, racines nomades ?
Transhumance… Interrogation sédentaire d’un aujourd’hui en quête de vrai.

Transhumer ne s’improvise pas. Le pays change, cultures, constructions, circulation. Où est la pâture disponible ? Dans le troupeau les agneaux tardifs de la montagne doivent encore engraisser. Ni brebis portantes ni béliers, les plus belles devant et un grand mâle fait le chef. Le troupeau immobile quelques instants reprend sa marche lente. Regard attentif du berger.
Nicola Toscano, Grison disciple de Luigi le Berger immortalisé par Marcel Imsand et 20 ans de transhumance. Un âne et cinq chiens. Corps court et rude, âme de seigneur. Une vie en forme d’évidence. La passion d’un feu, du froid, de la solitude, du sourire des enfants, d’un rare repas à une table accueillante. De ses chiens, de son troupeau. 500 bêtes et pas une pareille. Il sait comment.
David Bochud se fond dans la masse. Murmure de feuille morte, frôlement laineux. Il guette, il capte. Une brume matinale, un geste sûr, un regard curieux, une interaction, le signal du départ. La procession s’étire et touche au Graal. Des naseaux fument sur l’herbe froide. L’heure du café maintenant.
Les mois passent. Le troupeau diminue peu à peu, les agneaux ont bien engraissé. Nourris à l’herbe de pâture, pas plus. Alors seulement la viande a une saveur unique.
Textes: © Philippe Neyroud

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